LE MUR DE BERLIN
Ne
pas parler du mur de Berlin ? Impossible ! Ne pas aller sur le mur en
étant à Berlin ? Difficile. Le peu qu’il reste de ce trop tristement
célèbre mur de 43 km de long et de 3.60 m de haut est un témoignage laid mais
significatif de la folie des hommes.
De
1949 à 1961, pendant douze ans, près de 3 millions de personnes seraient passées
d’est en ouest ; les autorités est-allemandes ne pouvaient plus supporter
cet exode massif qui dépeuplait la RDA et la discréditait. Leur réaction a été
de verrouiller totalement Berlin-Est, ce qui fut fait dans la seule nuit du 13
août 1961 ; au petit matin, les Berlinois Est Ouest se sont vus cernés par
des kms de barbelés qui allaient être remplacés très vite par le mur ; en
rien de temps, des familles, des couples, des enfants ont été séparés pour ....
28 ans !
Drames
sanglants aussi puisque beaucoup de candidats à l’évasion ont été tués par les
« Vopos », la police d’état ; 136 victimes sur Berlin, plus de
mille sur l’ensemble de la frontière. Plus de cinq mille personnes réussiront
malgré tout, au péril de leur vie, à passer à l’ouest, dans des conditions
certes périlleuses mais aussi quelquefois rocambolesques, faisant preuve d’une
grande inventivité dans leurs moyens d’évasion.
Actuellement,
il reste essentiellement trois lieux de mémoire à Berlin, que nous visiterons. Quelques
centaines de mètres dans la Niederkirchnerstrasse que nous avons déjà mentionnés,
situés dans le sinistre quartier de la Gestapo, le long duquel nous avons vu le
musée à ciel ouvert sur l’histoire de Berlin.
Le
deuxième morceau de mur, long de 300 m, se trouve dans la Bernauer
Strasse ; là aussi, un vaste espace herbeux laissé en l’état avec
des stèles portant inscription des noms des victimes du mur ; de l’autre
côté de la rue, un musée, fermé pour cause de travaux apparemment, et une tour
où l’on peut monter pour atteindre une plate forme qui domine tout cet espace
mémoire.
Le
troisième pan de mur se trouve au sud est de la ville, quartier de
Friedrichshain ; c’est le plus long, avec 1,3 km, peint par 21 artistes
venus du monde entier laisser leur vision de ce drame. Nous n’apprécions pas la
plupart de ces « œuvres » qui sont pour nous plutôt de bien mauvais
tags, mais sans doute notre cerveau et notre sens artistique ne sont pas
adaptés à cette forme d’art ; nous avons vu dans d’autres villes du monde,
à Valparaiso et autres villes du Chili par exemple, des peintures murales de
tous styles, réalistes, symboliques, futuristes, impressionnistes,
expressionnistes, etc... qui étaient vraiment des œuvres d’art ; que l’on
aime ou pas, ces peintures touchent le cœur et l’esprit. Ici, pour nous, c’est
assez décevant. Nous attendions autre chose de la part de ces prétendus
artistes.
D’autres
traces subsistent de la présence du mur, sous forme de peintures qui balisaient
à l’époque les espaces de (non) liberté, ou encore des espaces toujours en
friche qui étaient les no man’s land délimitant avant le mur l’espace à ne pas
franchir pour les Berlinois de l’Est, ou encore des traces au sol qui
rappellent l’endroit où s’élevait le mur.
Autre
vestige de cette triste période, le Check Point Charlie, qui était le seul lieu
de passage entre les deux Berlin, où il fallait faire longtemps la queue et
présenter toutes les autorisations requises pour passer la
« frontière ». Aujourd’hui, triste spectacle, on assiste à un racket
des touristes (bien consentants évidemment) qui se font photographier devant le
« faux poste » avec deux « faux militaires américains »,
avec force grimaces et gestes simiesques ridicules, moyennant paiement de
quelques euros. C’est navrant de constater ce décalage entre ce que
représentait ce passage comme drames et ce pitoyable barnum auquel participent
tant de gens qui ignorent tout de l’histoire tragique de ces lieux. L’oubli
aussi est dramatique et consternant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire