A
une dizaine de kms de Bodø, un long, haut et joli pont enjambe le
Skerstadfjorden ; nous pourrons nous garer au bout du pont sur un petit
parking, malheureusement trop près de la route, mais nous n’avons pas le
choix ; aucune autre possibilité d’être aussi prêt du site.
Il
est 18h et c’est justement l’heure de la marée montante, l’heure où se manifeste
le phénomène ; nous traversons le pont pour descendre ensuite au plus près
du fjord et voir le maëlstrom à le toucher presque.
De
quoi s’agit-il ? Le maëlstrom (étymologiquement, maël : moulin et
strom : courant) est un tourbillon provoqué par un courant de marée ou de
fleuve. Le maëlstrom de Saltstraumen est le plus puissant du monde ; le
deuxième serait celui situé au sud des îles Lofoten.
Ici,
le Saltfjord et le Skerstadfjorden sont reliés par un étroit chenal de 150 m de
large à peine, ce qui explique qu’à chaque marée montante et descendante, soit
toutes les six heures, l’eau s’engouffre dans ce passage avec une force et une
rapidité extraordinaires, vertigineuses même à le voir de près. Cela crée toute
une série de tourbillons de 5 à 10 m de largeur, de 5 m de profondeur en
moyenne. Ce qui est curieux et beau à voir, c’est la naissance du
tourbillon : un creux suivi d’un gonflement au centre du tourbillon qui
monte, monte, formant une espèce de bulle magnifiquement belle qui éclate pour
former à nouveau le tourbillon ; et ainsi sans fin. Cela nous rappelle la
formation du geyser que nous avions vu en Islande.
Les
tourbillons se situent sur les côtés du détroit, alors qu’au centre, c’est une
masse compacte, lisse, épaisse, qui coule à grande vitesse, formant un énorme
contraste entre les deux plans de vision.
Beaucoup
de monde évidemment sur et sous le pont pour assister à ce spectacle si
fascinant que nous n’arrivons pas à décrocher ; nous pourrions rester des
heures ainsi, immobilisés, hypnotisés par cette furie des eaux ; c’est impressionnant
et beau à la fois, d’autant que les différentes couleurs de cette eau forment
des tableaux sublimes dignes de figurer dans un musée.
Nous
restons ainsi trois heures peut-être dans cette magie ; nous retournons au
camping car pour manger et pour attendre minuit, l’heure de la prochaine
marée, montante cette fois-ci ; à l’heure dite nous allons de nouveau sur le pont où le spectacle
est différent mais tout aussi beau, d’autant que le regard embrasse d’un côté
le grand fjord tranquille, véritable mer, aux contours lointains, de l’autre
côté, le petit fjord qui occupe le fond de la anse, superbe, et puis, sous le
pont, sous les pieds, le célèbre maëlstrom en gestation, marée montante.
Beaucoup de monde encore malgré l’heure tardive.
Une
courte nuit, car nous nous levons à 5h30 pour assister encore une fois au
maëlstrom, marée descendante, espérant avoir une autre image du phénomène.
A
cette heure matinale, curieusement, personne, mais vraiment personne, dans le
secteur. Notre bonheur est plein comme une pleine lune. Rien à dire de
plus ; un super spectacle encore, sans fin, et toujours, toujours
fascinant. Tout a une fin et il faut faire la route, mais déjeuner d’abord.
Nous n’en finissons pas de partir de ce lieu, et nous nous arrêtons tous les
deux mètres sur le pont pour un dernier regard sur cette toile.
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