Depuis
Oslo, nous prenons la direction sud-ouest pour pénétrer dans la province du
Telemark. Cette région montagneuse est célèbre dans le monde entier pour être
le pays natal du ski (de type alpin).
C’est
Sondre Norheim qui essaya au XIX° de nouvelles techniques en modifiant la forme
traditionnelle des skis et des fixations, techniques qui furent ensuite
universellement adoptées ; en 1868, il fit à Oslo une démonstration des
nouvelles disponibilités offertes par son nouvel équipement ; le « virage
télémark » venait de naître et allait connaître un grand succès.
Aujourd’hui, cette technique a pratiquement disparu des pistes de ski depuis de
longues décennies, mais il nous arrive de voir évoluer quelquefois sur les
pistes des adeptes de cette méthode, et c’est toujours très beau à voir. D’ailleurs,
chaque année, dans notre station de Chabanon, une journée est consacrée au
« Telemark ».
Notre
objectif principal en rejoignant cette région est de visiter nombre d’églises
en bois debout, et la première sur notre route sera la plus grande des 28 églises
« survivantes » : Heddal. La bonne, cette fois-ci !
Nous
arrivons le soir, encore trop tard pour pouvoir la visiter, mais nous profitons
malgré tout des derniers rayons de soleil pour faire quelques photos de
l’extérieur.
Nous avons la chance de trouver un emplacement assez près de
l’église, ce qui nous permettra d’être à l’ouverture le lendemain et de pouvoir
bénéficier du site sans (trop de) touristes.
Construite
en 1242, mais sans doute plus ancienne encore à en juger par le chœur qui
serait antérieur d’une centaine d’années, cette église est de loin la plus grande effectivement qu’on ait vue en Norvège,
la plus haute, la plus impressionnante, et la plus belle vue de l’extérieur.
Elle
est élevée sur trois niveaux au moins et composée d’une multitude de toits
recouverts de tuiles en bois en forme d’écailles ; ces toits et tourelles
en décroché donnent beaucoup de légèreté, d’élévation et d’allure à l’ensemble
de la toiture ; c’est la première impression que l’on ressent lorsqu’on
arrive sur le site. Autre originalité par rapport aux autres stavkirkes :
les pignons en tête de chien et des croix placées pour certaines
horizontalement, ce qui est unique dans le genre.
La gloire de cette église réside aussi dans les encadrements des portes, admirablement sculptés d’entrelacs et de figures humaines et animales fantastiques.
L’intérieur comporte trois nefs séparées par des piliers circulaires reliés au sommet par des croix de St André ; les peintures sur les murs et le retable sont du XVII° ; seul vestige médiéval : un fauteuil en bois sculpté de figures mythologiques nordiques.
KONSBERG
OU LA MONTAGNE DU ROI
D’Heddal,
nous allons sur la ville voisine de Konsberg (30 000 hts), porte d’entrée de la
vallée du Numedal où se trouvent bon nombre de stavkirkes.
La
ville n’a aucun intérêt touristique, mais elle est connue depuis le XVII° pour
sa mine d’argent dont l’extraction s’est arrêtée en 1957 seulement (d’où le nom
de la ville : la Montagne du Roi). D’autre part, elle est toujours le
siège de l’Hôtel des Monnaies où sont encore frappées les pièces norvégiennes.
Aujourd’hui,
la ville s’est reconvertie en diverses industries : motorisation d’avions,
armement, industrie off-shore, machines-outils.....
Nous
nous y arrêtons pour visiter l’église décrite comme la plus grande de
Scandinavie : elle peut contenir 2400 personnes, et son intérieur baroque
serait plutôt singulier. Donc à voir impérativement. Extérieurement, elle se
présente comme un grand édifice en brique rouge sans caractéristique religieuse
particulière ; ce pourrait être un édifice public, un collège, ou une
usine.
Mais
dés que l’on pousse la porte qui donne dans l’église, on ressent un choc ;
en effet, on se heurte (vraiment) à quelque chose d’énorme. Généralement, en
entrant dans une église, même petite, on a devant soi un certain dégagement
visuel, souvent une nef, plus ou moins grande, plus ou moins longue, ou une
pièce carrée, voire circulaire. Ici, on se retrouve à très courte distance de
l’autel, encadré d’une balustrade, ce qui est tout à fait inhabituel dans les
églises de quelque confession qu’elles soient. Au-dessus de l’autel, un retable
imposant et au-dessus encore de belles et grandes orgues, le tout formant un
mur imposant qui vous écrase dés l’entrée. Cette impression très surprenante
n’est pas dissipée par l’aspect que l’on découvre tout aussitôt après ;
l’église ressemble étrangement à un théâtre classique, avec ses trois étages de
loges, de galeries et de travées, d’autant plus que toute la décoration est
baroque, voire rococo ; mais contrairement aux églises baroques
« européennes », tout est peint sur bois, imitant le marbre,
notamment la cage d’escalier. Par contre, trois magnifiques lustres sont
suspendus depuis 1771 et ne semblent pas être des faux. Ils ont une structure
complexe, entièrement en verre, de différentes couleurs, qui les rendent
uniques au monde, dit-on.
Au
premier étage, au-dessus de l’entrée, les loges étaient réservées aux
« messieurs », ingénieurs et cadres de la mine ; au deuxième
étage, la loge royale et les loges pour les familles de la noblesse
accompagnant les majestés. En face, les travées, en hauteur, étaient dévolues aux gens du peuple, les
mineurs en particulier, qui n’avaient droit qu’à des bancs à dossier raide pour
éviter qu’ils ne s’endorment.
Notre
visite est agréablement accompagnée par un concert d’orgues de haute volée.
Visiblement, c’est un organiste qui se prépare pour un concert, et il se lâche
vraiment ! Il en donne de toutes ses forces et l’église résonne de tous
ces rythmes extraordinaires qui explosent de tous ces tuyaux. Nous prenons
plaisir à l’entendre. Puis, en montant au fur et à mesure les différents
niveaux, on se retrouve à côté de l’orgue et on voit l’artiste opérer ; il
s’arrête et nous engageons la conversation, le monsieur parlant bien le
français ; il prépare effectivement son concert pour la soirée. Il s’avère
qu’il s’agit d’une bonne pointure, un artiste international, un Englishman, qui
donne des concerts partout dans le monde, en Australie, aux USA, à Paris, à
Barcelone, etc... Nous étions ravis de l’entendre, nous voilà flattés de le
rencontrer !
Contrairement
à ce que nous pensions avant d’entrer dans cette église, nous y avons passé
beaucoup de temps, avec beaucoup d’intérêt, et nous y avons trouvé plein de
surprises.
Nous
fêtons l’événement à midi par une excellente pizza brevetée maison !!
VALLEE
DU NUMEDAL
Cette
vallée longue de 160 kms fait traverser des paysages bien différents, tantôt
encaissés, tantôt haut plateau désolé à 1100 m d’altitude, avec landes, forêts,
rivières, puis des ouvertures plus verdoyantes où l’on va trouver nos fameuses
églises en bois debout : Flesberg, Rollag, Nore, toutes fermées à notre
passage ; la dernière, Uvdal, va fermer mais la gardienne nous laisse
faire la visite ; par chance, cette église est, selon nos guides, la plus
intéressante de cette vallée. Effectivement, elle est richement décorée de
peintures florales principalement.
La vallée du Numédal est appelée « la vallée du Moyen Âge », non seulement pour ses églises en bois debout datant de cette époque, mais aussi pour ses nombreux vestiges du passé, ses « stabbur » par exemple, greniers surélevés pour préserver les récoltes et les denrées de l’humidité et des prédateurs.
STABBUR |
STABBUR |
STAVKIRKE DE FLESBERG |
STAVKIRKE DE NORE
STAVKIRKE DE NORE |
STAVKIRKE D'UVDAL
STAVKIRKE D'UVDAL |
ADAM ET EVE |
La petite église d’Uvdal est intégrée dans un « Bygdetun », un musée des traditions populaires en plein air, qui expose dans un petit parc quelques modèles d’habitats anciens
On verra notre dernière église à Hol où nous établirons notre camp pour la nuit au bord du Hovfjorden.
STAVKIRKE DE HOL |
BIVOUAC AU BORD DU HOVFJORDEN |
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