Après
Geiranger nous arrivons à Lom où nous stationnons sur le grand parking devant
la Stavkirke, « l’église en bois debout », belle et imposante, une
des plus anciennes de Norvège, puisqu’elle date de 1150.
LES STAVKIRKE
C’est
la deuxième Stavkirke que nous voyons sur notre parcours ; qu’est-ce
qu’une « église en bois debout » ? Stavkirke : mot à mot,
« kirke » = église, et « stav » = poteau.
La
construction de l’église, entièrement en bois, consiste à positionner
verticalement des poteaux qui vont constituer l’ossature de l’édifice, d’où
l’origine du nom « d’église en bois debout », les murs étant
également constitués de planches posées verticalement entre les poteaux, par
opposition aux « églises en bois couché » qui seront construites
quelques siècles plus tard avec des rondins de bois disposés horizontalement.
Dans
un premier temps, ces poteaux étaient fichés en terre, mais la durée de vie de
ces poteaux, et donc des églises, était limitée à une centaine d’années au
mieux ; on a vite pallié ce défaut en construisant l’église sur un
soubassement de pierres qui assurait l’isolation et la ventilation de la
construction ; les poteaux étaient dressés sur ce lit de pierres,
maintenus droits et solidifiés par un ingénieux système de contreforts en bois.
Tout l’ensemble était maintenu, renforcé, rigidifié, par utilisation de
milliers de pièces taillées à l’avance et positionnées sans aucun clou.
Ainsi,
sur un millier de stavkirkes présumées élevées en Norvège au Moyen-Âge, il en
reste aujourd’hui 28 en bon état après 900 ans de résistance aux aléas du
temps ; la disparition des autres est due principalement à la Peste Noire
qui, au XIV° a décimé la population ; ces églises ont donc été abandonnées
pendant plusieurs siècles et n’ont pas résisté aux outrages du temps faute
d’entretien.
Aujourd’hui,
ces stavkirkes font partie du Patrimoine National et même Mondial pour celle
d’Urnes, la plus ancienne. La plupart sont des (éco)musées, d’autres servent
encore d’églises paroissiales.
Pour
expliquer l’état de bonne conservation de ces bois, il faut savoir que les
charpentiers de l’époque n’utilisaient que du bois vraiment sec ; pour
cela, on faisait sécher les pins sur pied pendant une quinzaine d’années au
moins, en les étêtant et émondant ; ce procédé avait la propriété de faire
remonter la résine du pin à la surface, ce qui durcissait le bois et le
protégeait ; ensuite, le bois était coupé et laissé tranquille, à l’abri,
pendant une bonne quinzaine d’années encore, avant d’être utilisé. Comme pour
toutes nos églises et cathédrales médiévales, les bâtisseurs de ces merveilles
d’architecture savaient prendre le temps de bien faire les choses, et la
plupart ne voyaient pas le résultat de leur travail et de leur génie. Ils
travaillaient pour les générations futures et nous en profitons bien
heureusement.
Il
existe différentes sortes de stavkirkes ; le type le plus répandu au
Moyen-Âge semble être celui du modèle le plus simple : une nef plus large,
un chœur plus étroit ; aujourd’hui, le type le plus répandu est celui des
nefs surélevées ; d’autres ont un poteau central ; plus limité à une
région spécifique, celui des églises à grande nef et soutenues par des poteaux obliques
à l’extérieur comme on l’a vu à Kvernes.
Souvent,
ces églises ont une galerie extérieure qui avaient pour finalité de protéger
les fidèles du mauvais temps ; ils arrivaient quelquefois d’assez loin, et
ils trouvaient donc là un abri pour passer la nuit en attendant les offices.
Quoi
qu’il en soit, ces églises médiévales « en bois debout » font
l’admiration de tout le monde, et surtout des architectes du monde
entier ; nous aurons l’occasion de vous en présenter de toutes sortes au
long de notre périple.
LA STAVKIRKE DE LOM
La
stavkirke est située « en ville » (et non à l’extérieur du bourg
comme c’est souvent le cas pour les autres ), à un carrefour de routes
très touristiques, la 15 et la 55, qui
desservent des vallées différentes, et en été, le nombre de visiteurs est
impressionnant.
Elle
a la particularité d’être conservée presque en l’état d’origine dans sa
structure et ses parois extérieures, recouvertes d’un mélange de goudron et de
cendre pour les protéger des intempéries ; seul le mobilier est du siècle
postérieur à la Réforme, XVII° et XVIII°. Elle sert toujours d’église.
Sur
les portails, riche décoration en général des encadrements avec entrelacs et
fleurs stylisées et animaux, le plus souvent serpents, lions ou dragons
étrangement représentés car ces sculpteurs n’avaient encore jamais vu de tels
animaux.
Les têtes de dragon, à l’extérieur, sur le toit, protègent des mauvais génies, héritage de la culture viking.
A l’intérieur, 20 colonnes supportent des arcs en plein cintre ; le tour de la galerie est renforcé par des étais en bois de pin en forme de croix de St André ; riches sculptures polychromes.
Nous
visiterons aussi un musée rural en plein air qui expose dans son parc une
trentaine d’habitations récupérées dans les environs, habitat datant du XVIII°
au début du XX° : maisons, greniers, étables, etc... aux toits recouverts
d’herbe et sous l’herbe, des écorces de bouleau en guise d’isolant étanche.
Nous nous intéressons particulièrement à la façon de construire ces maisons
anciennes, leur soubassement, leur base, leur agencement.
Lom
est une station d’hiver autant que centre de villégiature l’été ; c’est
une station bien agréable qui offre l’aspect d’une station de sports d’hiver
chez nous dans les Alpes.
Nous
ne partirons pas de Lom sans rendre une visite obligée (vu la pub des
blogueurs) à sa boulangerie-pâtisserie ; nous en sortirons chargés de
pains dont une baguette à la française, excellente, que nous apprécierons bien
les jours suivants.
A GAUCHE LA BOULANGERIE DE LOM |
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