Après
Ribe, notre dernière étape scandinave au Danemark, et une cinquantaine de kms,
nous passons la frontière allemande pour entrer dans le land de
Schleswig-Holstein. Adieu la Scandinavie !
A
Flensburg, nous repérons un garage poids lourd Mercedes ; nous nous y
arrêtons pour voir s’ils peuvent nous changer les quatre pneus arrière qui sont
anormalement usés et dégonflés. C’est possible ; nous dormirons sur le
parking du garage cette nuit, et le lendemain effectivement, à midi, nous
repartons chaussés à neuf pour ...six pneus ; au cours de la vérification,
il est apparu que l’un des pneus avant était encore plus endommagé que les
autres et plus dangereux, alors qu’il était neuf ; on ne comprend toujours
pas la raison de cette usure prématurée, mais nous repartons soulagés d’être en
sécurité, le porte feuille aussi !
De
Flensburg, nous prenons l’autoroute direction Kiel, Lübeck ; les paysages
sont typiques du nord de l’Europe, danois ou allemands, identiques,
c’est-à-dire immenses prairies, des bovins, des bovins, toujours des bovins,
des forêts immenses, des champs cultivés non moins immenses dont on ne voit pas
le bout, des lacs...tout est plat, monotone, sans caractère particulier ;
on est bien loin de la Norvège où chaque virage vous offre une vue saisissante,
inattendue et belle, pour ne pas dire de grande beauté, sur des sites
admirables.
Nous
entrons dans le land de Mecklenburg-Poméranie Occidentale, pour faire étape à
Schwerin, ville de 100 000 hts environ, ex RDA.
«Ville
des lacs et des forêts », elle mérite bien encore aujourd’hui cette ancienne
appellation slave.
Lorsque
nous arrivons sur la place du château, la vue est saisissante ; bâti sur
une île face à la vieille ville, ce grand château nous rappelle bien quelque
chose de nos châteaux de la Loire, Chambord en premier lieu, avec ses multiples
toits, pinacles, cheminées, clochers, tourelles. Impressionnant et beau. Il
compte 450 pièces richement décorées, dit-on, mais nous ne le visiterons
pas ; quelques salles seulement sont ouvertes au public, et nous n’avons
pas aujourd’hui l’envie de « courir les musées »: sans doute une
overdose de visites antérieures.
Par
contre, nous nous attardons longuement dans les magnifiques parcs et jardins
qui entourent le château. Un immense et très beau parc s’étend derrière le
château sur plusieurs hectares, avec de belles allées, des canaux sillonnés par
des familles nombreuses de canards, des lacs et des ... cygnes, des arbres
magnifiques et impressionnants de grandeur, de puissance, de beauté. Nous
ferons une dizaine de kms à vélo dans ce parc pour mieux profiter de cet
environnement romantique, fort agréable.
Un tableau dans un musée? Non! Un mur dressé dans le jardin du château, au bord du lac, une grande ouverture dans ce mur bordée d'un cadre en bois, et dans cette fenêtre ouverte sur le lac, le paysage en face du château; c'est bien une photo que vous voyez et non une peinture.
La ville ne présente pas d’intérêt particulier, si ce
n’est les deux beaux édifices néo classiques du théâtre et du Muséum, et quelques
maisons anciennes, à colombages, dont
une assez pittoresque, car un de ses côtés est suspendu dans le vide ; une
solution à l’époque pour ne pas payer trop d’impôts fonciers basés sur la
surface au sol. La cathédrale, gothique,
en briques rouges, ne nous paraît pas intéressante, pas plus que la ville
elle-même, hormis les quelques maisons restaurées, vieilles de quelques siècles
tout de même. Mais c’est un cliché bien banal dans ces régions du nord.
MUSÉE |
HÔTEL DE VILLE |
En
sortant de Schwerin, notre but était de revoir Rostock que nous avions vue voici
une dizaine d’années déjà, mais nous apprenons qu’Odette et Yves sont tout
prés, dans un camping, sur la mer Baltique. Nous allons les rejoindre, mais
auparavant, nous faisons un crochet vers Bad Doberan pour revoir son abbatiale
qui nous avait marqués dans notre précédent voyage dans cette région.
Nous
ne sommes pas déçus par cette nouvelle visite ; cette église du XIV°
édifiée sur le site d’un couvent cistercien construit au XII° est vraiment très
belle et son style original, unique. Son édification relève de la
légende ; en effet, le duc... chassait le cerf, et au moment où le pauvre
animal était abattu, un cygne prit son envol en criant « dobr, dobr »
(d’où l’origine de Doberan), ce qui signifiait selon les moines témoins de la
scène « bon endroit, bon endroit » pour construire l’église que le
duc souhaitait déjà élever à cet endroit, mais à qui les mêmes moines
refusaient jusqu’alors de donner satisfaction du fait que selon eux ledit
endroit était trop marécageux et ne se prêtait pas à la construction d’un grand
bâtiment. Comme quoi, la foi résout effectivement bien des problèmes.
Aujourd’hui, on peut voir dans l’église deux symboles de cette édifiante
histoire : une belle parure de cerf et un cygne blanc.
L’église
est considérée comme la plus belle du nord de l’Allemagne, et sa décoration
intérieure comme unique en Europe. Fait rare dans cette région, l’église a été
épargnée par les différentes guerres qui se sont succédées dans la région et
par la folie iconoclaste des Réformateurs au XVI°. Elle est donc l’église
cistercienne qui a conservé la plus grande richesse artistique du monde
médiéval.
Remarquable
le tombeau du duc Albrecht de Mecklenburg, roi de Suède, et de son épouse dont
on peut admirer le drapé de son manteau. Au pied du duc, un lion, au pied de la
duchesse, un chien, représentant force et fidélité.
Le
maitre-autel datant de 1300 conçu comme un autel-armoire est le plus ancien
autel à volets de l’histoire de l’art en général. Dans la rangée supérieure,
les histoires du Nouveau Testament, en-dessous celles de l’Ancien Testament. La
rangée inférieure représente les apôtres et autres saints.
Des
restes de vitraux du Moyen Âge ont été rassemblés entre 1978-1980 ; il
semblerait que l’ensemble de l’église ait été orné avec des vitraux semblables,
colorés, aux représentations figuratives de saints ou de personnages
importants, contrairement à la règle cistercienne.
Après
notre visite de l’abbatiale, nous prenons la direction de la mer Baltique pour
rejoindre à Rerik Odette et Yves avec qui nous passerons encore une bien
agréable soirée.
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