RIBE
Nous
pensions traverser le Danemark en trois ou quatre jours au plus, et bien
non ! Ribe a contrarié notre plan en nous emprisonnant dans son charme
depuis près d’une semaine. Nous étions avertis pourtant ; les guides nous
la décrivaient comme un écrin de toute beauté, une île cernée par les rivières
et les champs, en retrait de la mer du Nord. Pas suffisant pour éviter le
piège. Dés le premier contact nous serons conquis.
Nous
arrivons après 20 h à Ribe, nuit tombante, sur un grand parking réservé aux
camping cars, avec sanitaires, où Odette et Yves nous attendent encore une
fois ; nous nous sommes appelés dans la journée et ils nous ont donné les
coordonnées de cet emplacement. Encore un bon moment ensemble avant que chacun
ne reprenne sa propre route, mais il n’est pas exclu que l’on se retrouve un
jour quelque part sur la côte de la Baltique.
Ribe
est la ville la plus ancienne et la mieux conservée du pays, une ville
médiévale aux maisons basses aux colombages, aux couleurs gaies, jaunes, blanches,
vertes, roses, ponctuées ici et là de roses, aux rues tortueuses
pavées.
La
rue principale, très longue, est très animée tout le jour, ce qui nous change
des villes norvégiennes, avec une succession ininterrompue de commerces, de
bars, de restaurants, d’hôtels.... une vraie vie.
La
cathédrale, beau et grand bâtiment de briques grises et rouges, de style
principalement roman, possède trois nefs, une chaire Renaissance en bois
sculpté polychrome, des fonts baptismaux gothiques, des sculptures de formes
humaines soutiennent des colonnes peintes, des stalles sculptées dont les
accoudoirs représentent des têtes de chien, et jurant avec tout cet ensemble
classique et traditionnel, derrière l’autel, une série de céramiques modernes
au ton vif, couleurs gaies et vives,
dont on ne devine pas le sens, mais qui malgré tout sont assez jolies.
246
marches nous amènent au sommet de la tour d’où nous avons une vue à 360° sur la
ville et la campagne environnante.
Au
cours de notre balade, nous verrons aussi l’église Ste Catherine, très sobre,
et son petit cloitre en brique rouge à deux niveaux.
Le soir nous ferons une sortie en vélo qui nous amènera jusqu'à la mer du Nord.
Le
soir nous sommes surpris de voir autant de gens attablés sur les terrasses de
bars et restaurants, sur les places et dans la rue principale ; en
Norvège, à partir de 16 h, c’est le couvre-feu, le désert, plus personne dans
les rues ; ici, c’est tout le contraire, c’est vivant et cela fait du bien
aussi ; bon, ce n’est pas l’Espagne non plus, faut pas exagérer !
En ce
moment, il y a encore beaucoup de touristes ici, à notre grand étonnement, et
justement, le soir, vers 22 h, nous voyons un groupe plus ou moins important de
touristes accompagnant le veilleur de nuit muni d’une masse d’armes et de sa
lanterne, guide local qui les fait déambuler dans les rues sombres et qui leur
explique en anglais l’histoire et les
histoires de Ribe, de ses demeures et monuments. Original, mais intéressant.
Nous ne nous joignons pas au groupe, avec regrets, car l’exposé est en
anglais ; notre ignorance nous exclut de la culture.
ÎLE DE MANDØ
Le
lendemain, nous partons en expédition en vélo ; en fait, une balade qui
nous fera découvrir en 47 kms aller-retour l’île voisine de Mandø.
D’abord, une approche de la côte sur une douzaine de kms , sur piste cyclable puis sur route.
Ensuite,
7 kms de traversée jusqu’à l’île sur un tombolo submersible ; il faut donc
veiller aux heures de marée pour ne pas être pris au piège ; là, le
plaisir cède à l’effort, à la fatigue, à la peur de la chute, car nous roulons
sur une piste plutôt bien caillouteuse.
Nous
aurions pu opter pour la solution du char à tracteur, le tracto-bus, qui assure
le passage aux touristes, mais nous voulions avant tout « faire notre
sport », d’autant que le temps est très beau.
Tout autour de nous, à marée basse, c’est un immense estran de plusieurs kms envahi par les moutons.
L’île
est absolument ronde et plate, ceinturée tout au long de ses 10 kms de
périphérie par une haute digue censée la protéger de la mer. C’est une immense
prairie où paissent de nombreux ovins et bovins de toutes espèces. Une
cinquantaine de personnes y vivent en permanence, agriculteurs pour la plupart.
Dans le village constitué de quelques maisons jolies et bien entretenues
dominées par un moulin à vent sur la dune, nous rencontrons un jeune homme à
qui nous demandons notre chemin ; très sympa et avenant, il nous dit
quelques mots en français, puis, se sentant peut-être un peu court dans ce
domaine comme nous en anglais, il court chercher son père qui effectivement
parle relativement bien le français ; c’est fou le nombre de Danois qui
parlent notre langue ou essaient de s’en rappeler. En fait, le français était
étudié au collège comme l’anglais et l’allemand ; ce n’est plus le cas maintenant,
semble-t-il. Mais tous les Danois qui parlent et comprennent le français nous
disent beaucoup aimer notre langue pour sa sonorité, sa musicalité. Ils n’ont
sans doute jamais entendu chanter l’italien !
A la
pause casse-croute, à l’abri de la digue, face à la mer, nous sommes des
princes ; tout à coup, devant nous, le cri strident et bizarre d’un oiseau
nous fait sursauter. Quand nous refaisons nos sacs pour repartir, nous faisons
détaler un beau lièvre gité à nos pieds sous les herbes folles. On le suit des
yeux un moment, comprenant que le cri bizarre n’était pas d’un oiseau, mais
bien du lièvre. Séquence émotion.
Nous
faisons donc le tour de l’île sur une petite route bien goudronnée, à l’abri du
vent sous la digue ; mais on ne voit rien ; alors de temps à autre
nous faisons une grimpette sur la dune et nous découvrons toujours ces beaux
paysages de mer ; qu’elle soit pleine ou à marée basse, la mer offre toujours
un tableau sublime de couleurs, de lumières, de mouvements ; on aimerait
bien avoir le talent d’un peintre pour exprimer toutes les impressions que l’on
ressent à la lecture de ces paysages.
Après
avoir fait le tour de l’île, nous retrouvons le tombolo et ...le vent
contraire ; un bon vent qui freine pas mal et nous avons l’impression de
grimper une belle côte ; pour une première balade, c’est assez difficile,
mais nous rentrerons « à la maison » sans lever le derrière de la
selle. Fatigués mais heureux de cette belle journée.
Nous
ferons une autre balade en vélo, côté terre cette fois, dans la campagne ;
une belle campagne de champs de maïs et de prairies bien grasses qui
nourrissent beaucoup de vaches et de moutons ; beaucoup de bois aussi, et
au milieu de toute cette verdure, des maisons grandes et coquettes, isolées, le
tout formant un tableau bien bucolique.
Le
soir, nous avons pris l’habitude d’aller sur la grande place, celle de la
cathédrale, où bars et restaurants étalent leurs tables, pour profiter d’un
wifi correct qui nous permet enfin de nous connecter. Un soir, alors que la patronne
nous apporte notre note, un homme s’approche de nous et nous salue en
français ; c’est le patron du bar qui vient chercher son épouse, car elle
a fini son service ; il nous apprend qu’ils ont une maison en Provence,
sous le Ventoux, et qu’ils vont régulièrement en France. Encore un clin
d’œil ; décidément, la France semble si proche du Danemark.
Nous
avons remarqué dans les supermarchés des rayons bien fournis en vins de toutes
origines, de bons vins, dont pas mal de vins français de qualité, et aussi des
fromages français : camembert, gruyère, bleus.... on a beau jeu de
critiquer la stratégie commerciale des hypers, il n’empêche que cela nous fait
du bien de voir enfin autant d’étalages, et tant pis pour l’hypocrisie du
politiquement correct.
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