jeudi 22 mai 2014

2014 05 18-22 ST CHRISTOPHE EN BRIONNAIS (BOURGOGNE )

18-22 MAI 2014  ST CHRISTOPHE EN BRIONNAIS (BOURGOGNE ) 

Nous rejoignons sur l’aire de CC de St Christophe en Brionnais (entre La Clayette et Charolles ) Christine, Gérard et Antoine JAMOT que nous avions rencontrés l’année dernière à Excenevex au bord du lac Léman ; nous faisons avec eux une très belle petite ballade autour du village, empruntant les chemins qui séparent avec leurs haies des pâturages où paissent des charolaises bien charpentées et bien prometteuses de plaisirs gastronomiques (n’en déplaise aux végétariens !) ; toutes ces taches blanches dans le vert profond de l’herbe constellé des éclatantes couleurs des fleurs de toutes sortes, boutons d’or, ombellifères, myosotis, etc… le silence troublé seulement par le bourdonnement des insectes ou le plouf des grenouilles dans les petites mares et étangs, le chant des oiseaux, la douceur des collines verdoyantes sur lesquelles sont disséminés villages, fermes et hameaux, aux couleurs brun rose, tout cela donne une bien agréable et apaisante sensation de solitude, de plénitude, de sérénité ; bref, on retrouve la Nature dans toute sa force, sa pérennité et sa beauté. Ballade instructive par ailleurs, car la famille JAMOT, en entomologistes avertis, nous ont fait découvrir quantité d’insectes floricoles, héliophiles, aux formes et couleurs étonnantes, un monde qui nous était inconnu ; il est vrai que l’on passe très souvent par ignorance et aveuglement à côté d’intéressantes et somptueuses richesses. Merci à eux pour cette "leçon de choses".
















MARCHE AUX BOVINS

Le mercredi est jour de marché aux bovins à St Christophe en Brionnais ; marché exceptionnel car il est de renommée internationale au point que les premières heures du marché sont consacrées à la vente de bêtes destinées presque exclusivement à l’exportation parce qu’elles répondent aux critères de sélection propres à chaque pays concerné, bien différents des critères français.
St Christophe est le seul marché en France qui associe les trois types de marché  existant en France, à savoir le marché de gré à gré qui fonctionne depuis des siècles, le marché au cadran qui fonctionne depuis 2009 et le marché de référence européen, puisque en fin de marché, toutes les opérations enregistrées au cours de la journée, dans tous leurs détails, sont communiquées à Bruxelles qui donne ensuite son aval après avoir vérifié le respect des normes européennes établies pour ce type de vente.

A 9h, nous suivons un guide qui est censé nous expliquer pendant plus d’une heure l’histoire et le fonctionnement de ce marché ; en fait, les bovins, par leurs beuglements, nous empêchent d’entendre la majeure partie de l’exposé, mais la visite reste cependant très intéressante.
Le marché traditionnel existe depuis la nuit des temps, mais les premières traces écrites relatant son existence remontent au XV° siècle, époque où existait alors un château appartenant à la famille des TENAY ; au XVII°, cette famille fait installer le foirail sur une autre partie de son domaine qui va constituer ce qui est aujourd’hui la rue principale du village, et ce qui explique la grande largeur de cette rue, les bêtes étant attachées à des cordes fixées de chaque côté de la rue.
Au siècle dernier, l’évolution du marché, son importance et les nuisances qu’elle entraine  pour la circulation obligent la municipalité à rechercher et implanter le marché sur un autre terrain, celui sur lequel il est établi aujourd’hui, en plein centre du village toujours ; l’organisation de ce marché est vraiment extraordinaire, très complexe, mais tout est programmé pour ne rien laisser au hasard en ce qui concerne la sécurité du bétail et des personnes, l’efficacité et la rapidité des transactions, la régularité sans faille pour éviter toute fraude, impayé ou influence quelconque sur la tenue des prix, l’intransigeance sur la qualité des bêtes.
Les camions qui amènent le bétail se présentent au péage où l’on vérifie le contenu du camion ; on attribue au propriétaire un numéro d’ordre qui sera sa seule identification tout au long du marché, ce qui assure l’anonymat et le secret si utiles pour la régularité et l’équité des affaires en cours ; huit camions peuvent décharger en même temps dans le foirail, ensemble immense de boxes où sont mis en attente les bêtes, chaque box étant identifié au numéro du propriétaire, chaque box constituant le lot qui sera présenté à la vente, un lot pouvant représenter une ou plusieurs bêtes. Avant déchargement, le propriétaire doit donner tous les documents concernant chaque bête mise à la vente, vaccinations, suivi sanitaire, généalogie, traçage, etc, et au cas où un vendeur aurait la mauvaise idée de frauder en introduisant dans son lot de plusieurs bêtes une bête qui aurait des problèmes la rendant impropre à la vente, un système de caméras surveille la descente et l’arrivée du bétail sous le contrôle de vétérinaires. On peut même faire passer une échographie à une bête qui serait suspectée d’être gestante et non déclarée comme telle !
Ensuite, dans l’ordre d’attribution des numéros des vendeurs, les bêtes sont acheminées vers l’hémicycle, bâtiment où se réalisent les ventes ; elles sont présentées dans une petite arène à la foule des acheteurs assis dans l’hémicycle (comme nos députés ou sénateurs !) ; chacun a un boitier à sa disposition sous sa table avec un bouton qu’il actionne discrètement pour faire monter ou descendre les enchères ; là aussi, l’anonymat est assuré, et même en regardant avec beaucoup d’attention, il est impossible de voir le jeu des mains sous le pupitre ; les acheteurs sont impassibles, semblant assister de façon passive à une séance publique du Parlement, ou à un spectacle, certains parlant entre eux comme sur la place publique et comme s’ils n’étaient pas du tout intéressés par ces ventes ; et pourtant, la vente se déroule bel et bien, à une vitesse effarante, pour ne pas dire foudroyante ; c’est frustrant de se dire qu’il se passe devant nos yeux  des choses importantes que l’on ne peut pas voir ; cela tient de la magie. Quant aux prouesses professionnelles et vocales des chefs de vente, c’est époustouflant ! C’est comme une vente à la criée. On ne comprend pratiquement rien à ce qu’ils annoncent, tellement le flot est ultra rapide. Ainsi des centaines de bêtes sont vendues en quelques heures ; les invendues, car il y en a, ont droit de repasser encore une fois pour tenter leur chance (enfin, celle du proprio évidemment).
Il se vend  en moyenne environ 1200 bêtes à chaque marché ; en matinée, sont présentés à la vente les bovins dits « maigres », car encore trop jeunes pour être destinés à la boucherie ; en France, une bonne viande ne peut être donnée que par un bovin âgé entre quatre et sept ans ; par contre, d’autres pays n’ont pas les mêmes exigences d’âge pour les abattre ; ainsi, la plupart de ces bêtes sont exportées à l’étranger, soit pour abattage immédiat, soit pour l’engraissage selon les modalités du pays avant abattage ; on exporte donc vers l’Italie, l’Espagne, la Grèce, le Maghreb, l’Argentine….
L’après midi, ce sont par contre des bêtes de qualité selon les normes françaises et locales charolaises qui sont exposées à la vente, certaines pour l’embouche, l’engraissement dans le bocage du terroir, d’autres pour la boucherie. Enfin, le marché se termine par les bêtes de concours, le top du top en qualité. La traçabilité est totale, et le cadran annonce le poids, mais aussi la filiation et les vaccinations de l’animal ; si un acheteur ou consommateur devait se plaindre de la non qualité de la viande, il est possible de retrouver le vendeur, la bête et son « casier judiciaire », et de déclencher une enquête approfondie sur les conditions de vie de l’animal, son alimentation etc…pour trouver les causes de cette insatisfaction ; ici, on ne plaisante pas avec la qualité ; c’est une religion qui semble satisfaire tout le monde, car tous trouvent leur compte dans cette organisation certes difficile et complexe, très contraignante, mais qui leur apporte sécurité et équité. Par ailleurs, le marché a également sécurisé les paiements pour éviter les impayés qui semblaient ne pas être rares auparavant et payent les éleveurs sous 48 h.
Comme ce marché est labellisé aux normes européennes, rien n’est définitivement arrêté sans l’accord de Bruxelles qui arrive dans la soirée même.
Mais tradition oblige, le marché de gré à gré perdure encore, et concerne le deuxième marché l’après midi ; c’est le marché traditionnel, comme partout ailleurs, les ventes se réalisant d’homme à homme, éleveurs, maquignons ou autres, dans le secret mais sans l’anonymat bien sûr, à l’ancienne.
Les transactions se faisaient au cours des siècles le long d’un muret, appelé aujourd’hui « le mur le d’Argent », vendeur et acheteur étant chacun positionné d’un côté du mur, de part et d’autre, et l’acheteur dépliait alors ses paquets de billets enveloppés dans du papier journal, car à l’époque tout se payait cash en espèces.
Ainsi coexistent deux formes distinctes de marchés, l’une traditionnelle, l’autre résolument moderne ; cette visite a été très intéressante ; elle nous a fait découvrir  le travail de l’éleveur, l’organisation très élaborée de ce marché et aussi les différentes espèces de bovins et nous n’avons pas regretté d’avoir reporté notre départ de ce village.
Enfin, nous avons appris qu’une partie des bâtiments (5000 m2 tout de même !) était recouverte de panneaux photovoltaïques qui permettent de stocker et de revendre l’électricité produite au réseau EDF ; par ailleurs, l’eau de pluie récupérée de cette immense surface de couverture permet de stocker assez d’eau pour l’utiliser aux fins de nettoyage des lieux après les marchés, ce qui nécessite énormément d’eau ; autonomie et économie maximales, encore un bon point de plus.
Bien entendu, nous avons  rendu visite au boucher de référence du coin, réputé dans sa région pour la qualité de  la viande et des produits qu’il vend, et nous ne l’avons pas regretté non plus ; son entrecôte charolaise nous laisse encore des souvenirs bien agréables ! 







LE CADRAN





POUR VISIONNER LA VIDEO SUR ST CHRISTOPHE EN BRIONNAIS CLIQUER ICI




1 commentaire:

debuenosairesànewyork a dit…

On sent bien le travail de l'écrivain et de la vidéaste! Super idée de faire des petits films! Top Top!!! BISOUS